Je me baladais hier près du fleuve,
comme à l'habitude. Et comme à l'habitude, je lui jetais tout mon
être, moi qui l'aime entière sans pouvoir le voir entier. Je
voulais lui appartenir, lui appartenant déjà. Et je l'aimais,
encore et toujours. Je ne pouvais pourtant rien y faire, sachant
pertinemment que m'y noyer me l'ôterai. Alors je continuais de
marcher à son côté, me laissant guider par lui et lui donnant
tout ce que je pouvais lui donner, pas grand chose. Je le laissai
décider d'où il me mènerait, je le laissai continuer à m'envouter
et je marchais, je marchais. Je n'avançais nulle part, parcourant
des kilomètres, et je me fichais de mon but, mon cœur seul
allant au fleuve.
Je m'arrêtais, parfois, pour reprendre
mon souffle et pleurer ma souffrance de ne pouvoir courir, et je le
regardais dans les yeux, le maudissant de l'aimer tant. Je
contemplais son milliard de reflets et ses couleurs, espérant un
jour les voler sur ma toile, sachant pertinemment que je ne saurai
jamais à la hauteur, ne pouvant, de ce fait, me résoudre à
commencer ce long chemin.
L'honneur ne lui serait jamais rendu
entièrement, lui, dompté par la prétention des hommes. Et lui
avoir ôté cela me remplissait d'une compassion immense, et d'une
haine encore plus grande, en son honneur.
Qu'on l'ai emprisonné l'a bien rendu
muet, et à cela, il crie encore plus fort en mon âme.
Mais mon amour, que crois-tu ? Que ces
digues et ces ponts te rendent petit ? Qui serais-tu pour être si
petit, ô, toi, le plus grand d'entre tous ? Toi, volant les nuages
de tes reflets, toi, nourricier de la terre.
Toi qui ne peux te clamer dieu, toi
l'emprisonné et le pris à jamais, toi qui ne seras jamais dompté.
Toi qui nous a donné à tous et toi qui donne encore aux arbres et
aux plantes. Et que le monde tourne encore de tes courants sans s'en
apercevoir est bien la une sombre marque.
Serais-tu divin, ou serais-tu le diable
? Toi le lointain, toi l'envahissant et toi l'âme des reflets. Toi
qui crois en tes milles couleurs et les arbores sans les savoir.
Et que les bateaux te brisent ne
t'enlève rien, serein, tu reviens à la douce vie qui coule et se
déroule. Tu vas vers l'ailleurs.
C'est le premier éloge qu'il m'est donné de lire de toi ! Et c'est aussi le premier sur ce blog. Alors je te remercie doublement !
RépondreSupprimerMon bon Nicolas, je ne sais que faire de mes éloges..
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